Instinctivement, Noé a très vite pigé que, dans ce monde dénué de scrupules, le plus sûr moyen d’obtenir quelque chose est d’ouvrir sa gueule à tout va, même quand l’interlocuteur et le moment ne sont pas judicieusement choisis.
Seulement, pour obtenir gain de cause, encore faut-il savoir ce que l’on désire ardemment. Ce qui n’est pas toujours le cas de Noé, ce revendicateur pré-pubère qui, dix-sept ans et neuf mois environ avant sa majorité légale, souhaite déjà s’émanciper en abusant de l’exhortation crispante, mais en se perdant avec une régularité métronomique dans les méandres de ses multiples motifs de colères et révoltes : J’ai faim sans avoir faim ; J’ai sommeil mais je ne veux pas me coucher ; Je ne veux pas quitter les bras ; Je veux quitter les bras ; Je veux que la poussette bouge ; La poussette bouge trop. Liste non exhaustive.
Alors, à défaut de pouvoir le laisser déserter le cocon familial où gîte et couvert sont gracieusement offerts, je l’exile au fond de son lit où seule, témoin silencieuse et sourde (détail très important), la peluche de Barbapapa assiste à ce mini-mai 68, voué comme son modèle à échouer lamentablement. Non, le prolétariat (Noé) n’écrasera pas le patronat (papa et maman) qui aura le dernier mot dans cette lutte des classes quotidienne. Du moins pas pour l'instant.
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