La paix mondiale est instaurée dans l’appartement. Epuisés, les deux parents sont silencieusement affalés dans le canapé du salon. Sans mot dire, ils savourent pleinement les bruits du quotidien : le frigo qui ronronne, le chauffage qui s’enclenche dans un doux chuintement, le ventre du père qui gargouille (il est 20 h 30 et le diner n’est juste qu’un vague projet), le soupir soulagé de la mère.
Face à eux, sur la table du salon, le biberon, jadis rempli de Lémiel®, gît, entièrement vide. Une goutte du précieux breuvage perle encore sur le bout de la tétine.
Dans la chambre mitoyenne, un faible ronflement indique que Noé pionce comme une brute, le ventre plein, la tête nettoyée de toute envie d’ordre alimentaire. Le tsunami de décibels postnatal a cédé face aux coups de boutoir du sommeil.
Mais la victoire sera brève ! Le prochain bib est programmé pour 23 h 30, dans trois ridicules heures. Malheureusement, Noé, ne sachant toujours pas lire une pendule (ça tombe bien, il n’y en a pas une seule accrochée sur les murs de sa chambre), peut déclencher à tout moment les hostilités et s’extirper sans ménagement de son sommeil salvateur (pour ses géniteurs. Lui s’en fiche, il dort quand bon lui semble), au détour d’un mauvais rêve ou d’une subite et inconsciente envie de gonfler ses ascendants directs.
Tant pis pour la soirée télé. La naissance d’un gamin devrait entraîner automatiquement pour les jeunes parents un dégrèvement de la redevance audiovisuelle pour une période indéterminée…
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